Plongée sur le Donator

A 50 mètres de profondeur sur le sable, ce cargo est réputé pour être une des plus belles épaves de la Méditerranée.

La faune y est abondante, l’épave est peuplée de mérous, de congres et de murènes. Il n’est pas rare d’y rencontrer des pélagiques (thons, bonites, sérioles…). En raison des courants, qui sont souvent forts autour de l’épave, et de la profondeur, cette plongée est réservée aux plongeurs niveau confirmé.

  • Historique de l’épave :

donator2Le Donator fut construit en 1930 pour le compte d’une compagnie maritime italienne, aux chantiers de Beergen Mak. VERKSTED A/S en Norvège. Son propriétaire était la Messagerie Holdt & Isachsen (D/SA/SSENATOR) et son port d’attache était Stavanger (Norvège).

Il mesurait 78 m de long pour 12 m de large, et pouvait filer 14 à 15 nœuds propulsé par son moteur de 1800 CV.

En octobre 1933, celui ci fut vendu à la Compagnie Générale d’Armements Maritime, filiale de la Compagnie Générale Transatlantique, et devint le bananier Petite terre. Dés 1939, il passa à la Compagnie Algérienne de Navigation pour l’Afrique du nord, ou Compagnie Schiaffino, dont les navires étaient souvent baptisés du nom d’un membre de la famille. Le Petite Terre devint le Prosper Schiaffino.

donator8A la fin de la guerre le Donator était le seul rescapé. Mais le 10 novembre 1945 le cargo file vers son destin….

Le 11 octobre 1945, le cargo quitte Marseille avec six cent cinquante tonnes de légumes secs et de pommes de terre. Arrivé à Alger, il décharge et part pour Mostaganem qu’il quitte rempli de barriques et, en pontée, de citernes de vin.Pour se protéger au maximum du mistral, il fait route sur l’Espagne et longe les côtes. En vue des îles d’Hyères, il passe au sud de Porquerolles et, ayant serré un peu trop les Sarraniers, rencontre un champ de mines résiduelles encore mal neutralisées. Une explosion se produit à l’avant, le 10 novembre 1945, à 13h15. La proue se détache presque du navire. Ce dernier s’enfonce presque aussitôt…

L’équipage n’a pas le temps de mettre les canots de sauvetage à l’eau mais, par chance, un stock de radeaux en liège est arrimé sur le pont. Une dizaine d’entre eux est jetée à la mer et les matelots s’entassent sur trois d’entre eux.

Quatre minutes plus tard, le Prosper Schiaffino sombre : l’avant d’abord, l’arrière presque à la verticale faisant prise au vent, ce qui explique l’orientation sud-est de la poupe.

L’explosion a été repérée par un avion anglais. Les naufragés sont recueillis par le chasseur 111. Un matelot a péri dans l’explosion, deux autres sont morts avant le sauvetage. Sur les 27 survivants, deux mourront à bord du chasseur.

  • Description :

donator-schemaLe Donator est une référence en matière d’épave en Méditerranée. La plongée doit être bien préparée car le courant peut être extrêmement violent sur le site. De nombreux plongeurs faisant fi de cet aspect, on fait soit une plongée de surface, soit au fond n’ont pu contempler le Donator que de loin sans jamais l’atteindre. L’épave est vaste et bien conservée après 55 ans passés sous l’eau. Elle repose bien droite sur un fond de sable. La poupe se situe à 51 m tandis que la proue se trouve à 48 m.

Lors de la descente il est intéressant de faire une petite halte vers 20-25 mètres afin d’admirer le bateau dans son ensemble. Celle-ci pouvait auparavant être effectuée auprès du mât remontant à 25 m de la surface, au sommet duquel des nuées de poissons se trouvaient. Malheureusement depuis janvier 2000, cet emblème du Donator est tombé sur bâbord, laissant juste un bout de quelques mètres.

Faire le tour entier du cargo en une seule fois est possible en l’absence de courant, mais peu conseillé si l’on veut admirer un tant soit peu les détails du navire. En fait 2 ou 3 plongées permettent de vraiment connaître l’épave. On peut commencer la plongée par l’hélice et le safran qui sont les parties les plus profonde du cargo à 51m. L’hélice est énorme et donne une idée de la puissance qu’il fallait pour déplacer le navire et ses 1698 tonneaux.

En remontant sur la proue on peut admirer la grande barre à roue. Juste derrière le château arrière se trouve une hélice de rechange. En direction de l’avant, on survole le pont qui est à 40 m. Celui-ci n’existe plus. Il n’en reste que les traverses, et on peut pénétrer avec prudence dans la cale arrière pour admirer la partie moteur à 44 mètres et les cuves qui contenaient le vin.

Continuant toujours vers l’avant on passe à travers les coursives des superstructures à 35 m ou plutôt le bardage qui en subsiste. De chaque côté du bâtiment les portemanteaux se dressent vers la surface. Au centre des superstructures, on peut voir l’embase de la cheminée disparue lors du naufrage. Il est amusant de contempler la cuisine, petite pièce où 2 plongeurs maximum peuvent rentrer pour voir les fourneaux. En ressortant de celle-ci côté tribord, un trou dans lequel un seul plongeur à la fois peut se glisser, permet d’accéder à la cale centrale, et ensuite de ressortir à proximité du mât.

Après la cambuse, toujours en se dirigeant vers la proue, on atteint les quartiers de l’équipage où l’on peut admirer une baignoire avec à ses côtés une cuvette de WC. Puis on aborde la cassure due à l’explosion. On peut rentrer dans la cale avant. Dans cet espace, phare éteint, la vision du bleu est fabuleuse et on a véritablement l’impression d’être devant un écran de cinéma. En voyant la taille de l’éventration du cargo on comprend la violence et la rapidité avec laquelle le pauvre Prosper a sombré. On ressort de la cale sur la proue. Celle-ci est posé sur bâbord. Elle est assez abîmée. On trouvera des barres de charges, cuves et autres ferrailles non identifiables.

  • Faune et flore :

donatorProfusion et beauté sont les mots clés pour décrire la faune et la flore du Donator. Kurt Armsler dans son livre « Épaves en Méditerranée » écrit « Les 50 années passées sur le fond ont transformé l’épave en un véritable récif fleuri ».

L’expression est bien choisie, car en effet le cargo est littéralement recouvert de grandes gorgones (certaines mesurant 1 m) rouges et jaunes, d’éponges, d’alcyons… Les superstructures et coursives sont les parties les plus colonisées et où l’on trouve une densité telle qu’il est parfois difficile de se frayer un passage.

Sur le sable tout autour de l’épave on peut apercevoir des mostelles et d’énormes rougets qui semblent se nourrir aux hormones. Partout sur l’épave on retrouve d’immenses bancs des inévitables anthias, castagnioles, sars, entourés parfois par les dorades royales. Dans les recoins du navire de nombreux chapons, rascasses brunes et rouge se dissimulent. On peut également découvrir 1 ou 2 mérous suivant sa chance, de même que des congres et murènes tapis dans la pénombre des cales attendant leur heure pour chasser.

  • En bref :

Difficulté de localisation : grandedonator4
Visibilité : bonne
Courant : souvent fort
Difficulté de plongée : grande
Filets ou lignes : aucun
Intérêt historique : grand
Intérêt photographique : grand
Intérêt biologique : élevé

  • Fiche technique :

Type de l’épave : cargo
Nationalité : française
Année de construction : 1931
Jauge : 1 698 tonneaux
Date du naufrage : 10 novembre 1945
Cause du naufrage : collision avec une mine
Localisation : au sud-est de l’île de Porquerolles
Distance depuis le rivage : 1 000 m
Profondeur minimale : 25 m
Profondeur maximale : 51 m

  • Coordonnées :

42° 59’ 61 N – 06° 16’ 54 E

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  • Profondeur

Le sable sur lequel repose l’épave est à 48 m à l’avant. Le pont du navire remonte jusqu’à 40 m et le point le plus haut (maintenant que le mât est tombée) est à 35 m

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  • Sources

http://www.grieme.org/pages/donator.html
http://var.campingclairdelune.fr/post/plongee-sur-le-donator